C’était un mercredi soir…
Tout a commencé au moment où nous nous « entraînions » au chemin de naissance, par un petit coup de stress ! Subitement, l’impression de ne plus rien sentir, non, disons plutôt de ne plus le sentir bouger comme d’habitude notre petit acrobate. L’Homme a voulu appeler les pompiers, complètement paniqué. J’ai préféré prendre cinq minutes, histoire de respirer tranquillement, devant l’émission du meilleur pâtissier, que je regardais ainsi pour la première fois. Bébé s’est remis à donner des coups de pieds, ouf nous étions rassurés !
Zou, au dodo ! Je ne le savais pas encore, mais j’allais vivre cette dernière nuit où je le porterais en moi.
Deux heures du matin… c’est l’heure du pipi de la nuit, oui ce passage obligé aux WC pour vidanger ta vessie, comprimée par bébé. Là, je m’assied, ça coule, ça goutte… ça coule, ça goutte… Bon, ok, je retourne au lit, instantanément, je me relève, je sais. Je suis en train de perdre les eaux. Un peu déboussolée, je réveille l’Homme endormi.
Un saut, une bouffée d’adrénaline, appréhension, excitation… voilà, l’aventure commence, nous allons bientôt voir la frimousse de notre garçon.
Nous sommes sereins, nous finissons de préparer le sac pour la maternité que nous avions commencé dans l’après midi. Nous sommes à 21 jours du terme officiel, vous en conviendrez, nous ne sommes pas du genre stressés. L’Homme me prépare à manger, il téléphone au CHU pour « réserver » la salle nature, il sort les chiens et charge la voiture, je prends une douche. Je mange en tête à tête avec l’Homme, le père de ce bébé qui va bientôt naître, nos yeux se croisent et nous écoutons le silence de la nuit. Nous sommes bien.
Il est maintenant 04H45 et ce sont les Red Hot Chili Peppers qui nous accompagnent jusqu’à la maternité. Il est 05H30 quand nous arrivons dans le service des urgences, on me pose un monitoring. Avec l’Homme, on discute et je passe 20 minutes sur les toilettes, la tête posée sur son doux bidou (yeahhh, j’étais bien comme ça, allez savoir !), on échange avec le sage femme et sa stagiaire, elle me pose le cathéter… les contractions sont là, mais je les accueille bien. C’est le début du travail, l’équipe nous propose de faire « comme on le sent », j’ai envie de marcher…
Nous sortons, nous voilà devant l’hôpital, le soleil se lève, une belle journée commence. Nous passons quelques coups de téléphone. Nous sommes impatients, un peu perdus, amoureux, un peu stressés et excités!
Quand nous retournons à la maternité, l’équipe de jour nous accueille. Je suis examinée par la sage femme, elle nous explique que bébé est pile poil bien positionné, qu’il faut « juste » que le col s’ouvre. Elle me propose de l’acupuncture, pourquoi pas, nous ne sommes pas à une nouvelle expérience près ! Il doit être aux alentours de 09H00. J’ai droit à un deuxième monitoring, les contractions sont plus intenses, nous les observons sur l’écran avec l’Homme… Nous nous allongeons, l’un à côté de l’autre sur le petit lit d’hôpital, nous parlons à bébé, c’est un moment tendre, plein d’émotion.
Vers 11H30, la sage femme vient nous annoncer que la salle nature est libre. Nous sommes heureux de pouvoir en bénéficier et honnêtement, j’ai bien envie d’aller dans l’eau. Je prends donc possession de la baignoire, j’aime sentir le contact de l’eau chaude contre mon corps, j’essaye de me relaxer, les contractions deviennent plus rapprochées et plus intenses. Spontanément j’ai des mouvements de balancier, je me berce un peu dans cet univers aquatique qui me fait du bien. J’essaye de me connecter à bébé, de lui faire sentir que je suis pleinement là pour lui, avec lui dans ce moment qu’il a choisi pour naître. L’Homme est là, avec moi, il me donne les petites granules d’homéopathie à intervalles réguliers. J’ai besoin d’être dans ma bulle, yeux fermés, je suis centrée sur moi et le bébé et je ne veux pas sortir de cela. Je n’ai pas envie de parler, d’écouter de la musique ou quoi que ce soit qui amènerait mon esprit ailleurs. Je reste dans l’eau un bon moment et puis… j’ai froid. On m’aide à sortir. J’écoute mes sensations, j’essaye de trouver une position qui me convienne, qui nous convienne. Je me suspend un peu aux lianes (mais oui je vous l’ai bien dit que c’est une salle nature !), je suis bien accroupie mais la position est difficile à maintenir longuement. Les contractions sont maintenant très rapprochées et vraiment intenses !
Franchement, là, j’ai un coup de mou. Un passage difficile, du genre « Je ne vais pas y arriver », j’ai envie de pleurer, je suis fatiguée, il n’est pas loin de 14H00. La sage femme revient nous voir, je m’entends encore lui dire « je veux que ça s’arrête »… elle me propose de m’allonger un coup et passe le relais à l’aide soignante. Elle est d’une douceur réconfortante, les contractions s’enchaînent sans que je n’ai vraiment de répit. Elle m’enveloppe dans un drap et me frotte doucement le dos. Je prends toute sa douceur, elle me fait du bien, les larmes coulent, j’ai envie de vomir, d’ailleurs, je vomis ! La sage femme revient, elle me propose de retourner dans la baignoire, je suis dilatée à 8 cm.
Je suis à nouveau dans l’eau, mes yeux fermés je suis connectée à mon « moi » le plus profond, le plus primaire, aux racines animales du mammifère que je suis, je ne sais pas ce que je fais, j’accompagne mon corps qui me dicte la voie, je suis hyper-connectée et tellement loin.
Il est 15H00, changement de sensation, en toute vulgarité je dis « oh putain, ça me défonce !!!! », la sage femme regarde l’Homme (bon ça c’est il me la raconté après hein!) et dit « Il faut la sortir là, c’est maintenant ». Je ne sais plus mettre un pied devant l’autre, on me soulève, on me porte, on me soutient… je suis sur le grand lit double, l’Homme s(‘est installé sur les conseils de la sage femme) dans l’angle et m’accueille entre ses jambes, dans ses bras pour me soutenir dans les derniers efforts.
C’est le moment de pousser, je donne tout ce que j’ai, j’ai l’impression que tout mon ventre s’ouvre, je sens tout l’étirement de mon corps, bébé arrive c’est sûr ! Il faut pousser encore, que la poussée dure longtemps, j’entends « Il a plein de cheveux », j’ai l’impression que mon corps va se déchirer, j’ai peur, je pousse, cercle de feu, bébé est là, l’épaule, ça glisse, c’est chaud, papa tend les bras et l’attrape, je tremble, bébé découvre la sensation de deux grandes mains qui le portent. Il est sur mon ventre, c’est juste un shoot d’amour, l’Homme coupe le cordon et pleure toutes les larmes de son corps… tellement que la sage femme lui dit à plusieurs reprises, Monsieur tout va bien, tout le monde va bien…
Je le regarde, nos yeux se fixent, nous nous connaissons déjà… La sensation est indescriptible, je suis maman, une maman émue, subjuguée, sonnée d’amour…bébé rampe jusqu’à mon sein, sa bouche découvre mon mamelon et le plaisir d’une première tétée.
Je l’ai fait, il est 15H20, notre fils est né.