J’ai envie aujourd’hui de discuter avec vous d’un sujet un peu tabou, quand on discute de l’accouchement. Si tu es sur cette page… c’est que tu te poses sûrement quelques questions, personnellement, et assez naïvement, j’avais assimilé points de suture et épisiotomie. En fait, il en est tout autre.
Tout ce que vous voulez savoir sur les points de suture après l’accouchement, c’est ici !
Quand doit-on être recousue ?
Il y a deux cas de figure (pour les assoiffés de connaissance, je vous met le lien vers des références médicales) :
- soit il s’agit d’une déchirure périnéale, pour faire simple : ça a pété quand la tête de bébé est passée
- soit tu as eu le droit à une épisiotomie, et la c’est la sage femme qui a incisé pour ouvrir le périné.
Ma première expérience :
Pour bébé1, je suis tombée des nues, sur le coup je n’étais pas préparée à avoir des points de suture, et surtout : cela s’est mal passé. Après un accouchement sans anesthésie péridurale, qui fut intense mais super, me voilà dans un désarroi total, oui, j’allais avoir des points, dans mon cas pour une déchirure périnéale incomplète du premier degré. Bingo, gros lot à la loterie, j’entends la sage femme m’annoncer : « je pense qu’il faut 8 ou 9 points ». Armée de sa bombe de xylocaïne en spray, elle m’explique que cela permet d’anesthésier la zone.
Vent frais, vent du matin, vent qui souffle près de mon vagin… C’est agréable ce souffle… Réjouis toi mon enfant, réjouis toi… Elle prépare son attirail, grande découverte pour moi, je n’ai jamais eu de points de suture de ma vie. Allez go : AIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE
Mais c’est quoi cette boucherie ? C’est quoi cette douleur inouïe ? Je l’insulte de tous les noms, l’enfer ! Je ne vois pas ce qu’elle appelle ANESTHESIE parce que là, je sens tout, et mon sexe est à vif, hypersensible. Finalement j’ai droit à 6 points, dans une souffrance inqualifiable. Là, vous commencez à stresser ? Ou alors vous vous dites, ouais ben tu n’avais qu’à accoucher avec la péri ma vieille … Non, non rassurez vous, Nad vous dit tout !
Après cette première expérience douloureuse, et des douleurs cicatricielles intenses traitées par TENS, un accompagnement global et finalement par mon deuxième accouchement. Je dois bien vous dire que l’empreinte émotionnelle négative que j’avais vécue s’est cristallisée sur cette zone, cette cicatrice et que le traitement de la douleur ne doit pas se borner à l’aspect corporel, mais allez bien au-delà et soigner le traumatisme psychique. Mais c’est un autre sujet ! Mon envie, vous donner toutes les infos pour que vous viviez sereinement ce moment, si vous y êtes confrontées.
Quand j’ai été enceinte pour bébé2, je me suis renseignée +++ sur ce point, je ne suis pas maso’ et je ne voulais pas revivre cela. Les mots de la sage-femme du CHU (pour notre deuxième projet « accouchement physiologique ») sont sans appel :
« Ah mais c’est normal, il y a une femme sur deux qui ne réagit pas à la lidocaïne en spray sur les muqueuses ». Je ne sais pas si je dois pleurer, ou ramasser ma mâchoire qui vient de rouler sous son bureau.
Je ne me sens pas bien, je ne veux pas revivre cela. Heureusement, elle sent mon malaise et m’explique que d’autres alternatives sont possibles ! Hourra, je reprends des couleurs.
Deuxième accouchement :
Oui les filles, ce n’est pas parce que vous avez décidé d’accompagner naturellement votre enfant dans sa naissance, que vous avez accouché sans péridurale que vous devez vous faire charcuter à vif. Ça paraît idiot à dire, mais concrètement, après un accouchement on est un peu ailleurs et nous ne disposons pas forcément de toutes nos ressources intellectuelles ;).
Je vous explique mon deuxième passage par la case couture, car ce fut fantastique de douceur, de bienveillance et tout s’est passé agréablement (oui oui, tu viens de lire le mot AGRÉABLEMENT !)
ETAPE 1 : Bombe de xylocaïne spray vidée intégralement sur la zone. Respect du temps d’action.
ETAPE 2 : Anesthésie par infiltration (« injection » locale de produit anesthésiant)
ETAPE 3 : Inhalation de protoxyde d’azote pendant la réalisation de la suture
ETAPE 4 : L’Homme qui chante (faux) My song of you
Je remercie toute l’équipe qui m’a accompagné pour ce deuxième accouchement express, et qui par sa bienveillance sans borne à pris le temps de m’en laisser du temps (car en fait pas d’obligation d’enchaîner les points direct là, il y a une fourchette de temps dans lequel il est possible de le faire), qui m’a proposé tout ce qu’il était possible de faire pour que je vive au mieux ce moment que j’appréhendais tant.
Dans cette douceur, elle a réussi à cicatriser le traumatisme que j’avais vécu quelques années auparavant.
Il n’y a qu’un mot : MERCI.
Bien vivre avec ses points
Les points de suture sont réalisés (dans la majorité des cas) avec un fil résorbable, ce qui signifie que la matière du fil va être éliminée au fur et à mesure, vous pouvez donc retrouver des petits filaments dans votre culotte !
Dans le quotidien, ce qui peut être désagréable c’est d’aller uriner. Je vous livre ici mon meilleur conseil : armez vous d’une bouteille d’eau, installez vous confortablement sur les toilettes et faites couler un filet d’eau sur votre sexe, déjà le bruit de l’eau qui coule stimule l’envie de faire pipi et cela évite la brûlure que l’on peut ressentir lorsque l’urine coule sur la plaie / les points.
Pour améliorer la cicatrisation, n’hésitez pas à imbiber une compresse de votre précieux lait maternel et posez la sur votre intimité endolorie, la sage femme m’a invité à le faire plusieurs fois par jour, pendant 15-20 minutes. Cet or blanc fait des merveilles !
Au bout de quelques jours, les points sont censés avoir « disparu », toutefois, certains peuvent apprécier la douceur de votre intimité et veulent s’incruster. Si ça vous tiraille, demandez tout simplement à votre sage femme ou à votre médecin de vous les retirer, ça prend deux minutes et ce n’est pas douloureux.
Et après ?
Après, la déchirure ou l’épisiotomie vous laissera sans doute une cicatrice. Vous pouvez d’ailleurs la masser, une bonne manière de se réapproprier son corps, d’apporter un peu de douceur sur cette zone fortement innervée qui vient de faire passer la Vie.
Si c’est douloureux, n’hésitez pas à en parler avec votre sage femme.
Pour ma part, je dois dire qu’il y a un avant et un après, tout simplement parce qu’au delà des déchirures, mon sexe, a été le chemin de naissance de mes enfants. D’organe dédié au plaisir, il est devenu le chemin de la maternité. Chaque cellule vibre aujourd’hui différemment, c’est une nouvelle partition qu’il a fallu découvrir, se réapproprier pour résonner de plaisir.