Le rôle du papa après l’accouchement est une « mission » dont on parle peu. Aujourd’hui, c’est de cela dont je veux discuter avec vous. Bien-sûr chaque fonctionnement de couple est différent et libre à chacun de faire comme bon lui semble… tant que tout le monde y trouve son compte.
C’est bien cela le plus compliqué, je crois : après la grossesse, l’aventure d’une naissance, voilà un nouveau-né blotti contre vous. Une période de flottement s’amorce, il faut trouver comment fonctionner dans cette nouvelle configuration de famille.
Mon envie, évoquer avec vous nos pérégrinations et nos réflexions.
Après l’accouchement, il y a eu des certitudes étonnantes : mon besoin d’avoir bébé contre moi, des sensations vis à vis de l’allaitement qui me permettait de répondre à ses besoins… Et des moments de peur : le premier bain, les soins du cordon, l’enfilage des vêtements. Dans ces moments là, je doutais, stressée de ne pas « savoir », perdue auprès de l’auxiliaire de puériculture qui m’expliquait à toute vitesse comment faire. Je me suis trouvée dans cette position inconfortable de voir deux blocs s’affronter dans ma tête : le « Tu ne sais pas » et le « Je sens que ».
A côté de moi, l’Homme était tout aussi déboussolé par la somme d’informations à intégrer, dans un délais express avec la fatigue en prime.
Deux jours après la naissance, les larmes me montent aux yeux, pas de ces larmes de joie, non de ces larmes de petite fille perdue qui ne sait pas où aller. Un moment de « détresse » à ne plus savoir qu’en penser, l’Homme ne sait quoi dire… J’ai besoin de ses bras, de pouvoir me serrer contre lui et d’accueillir ce torrent de larmes.
Les jours qui suivent l’accouchement :
Juste après la naissance, la maman a la sensation d’être passée à la lessiveuse industrielle : tant de choses se sont jouées en quelques heures. Nous avons rencontré bébé, découvert sa bouille mais aussi tout sa dépendance, notre ventre délicieusement rond s’est transformé en une pâte à brioche moelleuse que nous regardons avec plus ou moins de tendresse, notre corps est douloureux, nos yeux sont fatigués et notre cerveau tourne à plein régime. Dans ce tumulte… quelle place pour notre partenaire ?
Est-ce que je peux répondre à cette question ? Non, absolument pas, je ne le peux pas pour vous. Mais je tiens à vous dire, ce qui m’a fait tant de bien, à moi :
- Des compliments : c’est bête à dire, mais entendre de la bouche de son Homme « C’est magnifique ce que tu as fait », « L’accouchement, tu as assuré, c’était intense, c’était fort », « Qu’est-ce que vous êtes beaux mes amours »… ça fait toujours du bien !
- L’évocation factuelle : pour se remettre en tête tout ce que l’on fait de génial et garder les pieds sur terre. Bon alors pour le soin : tu plies la compresse, hop, le sérum, pim, tu replies… Histoire de déconnecter les émotions (un petit peu) et ne pas laisser ce petit doute « Vais-je pouvoir le faire ?! » s’installer. Re-contextualiser pour mettre le méchant diable calé sur votre épaule à sa place : « Oui, bébé perd du poids c’est normal ! » dit par son amoureux quand on lui jette un regard désespéré après la sentence de la balance est une parole extraordinairement plus douce que la même prononcée quelques minutes plus tôt par l’auxiliaire de puériculture.
- Rassurer : oui votre enfant est magnifique et il vous le dit, mais s’entendre dire que tout va bien, que tout va aller mieux, que sa jaunisse va vite passer, que « oui, regarde le… ». La politique du disque rayé fonctionne aussi pour les mamans un peu à fleur de peau.
Les premiers mois :
Vous voilà chez vous, dans la douceur de votre petit nid… Ce que vous aviez prévu n’est pas vraiment votre quotidien et c’est tant mieux, les plus belles histoires naissent de l’imprévu.
Vous êtes dans une relation duelle avec bébé et j’entends souvent dire que l’homme doit être le « séparateur » de cette relation fusionnelle mère-enfant. Je ne partage pas cet avis. La place de papa est primordiale, irremplaçable, nécessaire mais (moi qui aime à répéter que nous sommes aussi des « mammifères ») je trouve que la société actuelle fait perdre au papa son rôle de PROTECTEUR.
Car oui, au temps des cavernes, l’Homme protégeait sa tribu des prédateurs et autres menaces…
Mon regard ? Les « menaces » actuelles sont dans les paroles des autres, professionnels, connaissances… qui, dans leurs propos, pseudo-conseils, jugent et abîment vos choix, vos idées, vos ressentis. Il en va de l’allaitement, de vos choix éducatifs, de la lessive que vous utilisez et des temps de sommeil de bébé, de votre poids, de vos cheveux, de la tétine qu’il faut forcément utiliser etc…
Mon Homme, l’Homme, Flo a toujours gardé la tête au-dessus de tout cela et m’a porté dans les moments de doute. Car oui, nous voulons faire « bien » pour nos enfants et parfois une parole vient rôder, réveiller des peurs et nous faire penser que « nous n’avons pas pris le bon chemin ». L’Homme a cette capacité à rester placide, c’est une chance pour moi, pour nous. Il a toujours relativisé et su désamorcer les mauvaises paroles. A ce titre, il nous a permis d’avancer plus sereinement. Nous avons partagé nos points de vue et réfléchi ensemble à ce qui nous semblait être le meilleur pour nous, pour nos enfants, pour notre famille, là , à l’instant « T ». Nous nous sommes offert le droit d’essayer ce qui nous convenait à nous.
Il a balayé les remarques, les critiques en posant son regard tendre et ému sur les situations du quotidien. En laissant couler les propos négatifs et en prenant le parti d’en rire. Je l’entends encore claironner : « tu as vu le petit caporal ????? » en arrivant dans notre chambre à la maternité. Moi qui me sentais malmenée par cette sage-femme, cela m’a permis de relativiser et de sourire.
Notre armada de conseils « spécial papa », à picorer :
- Protéger : oui, on les veut les bras de papa Ours autour de nous, oui on veut qu’il nous protège des mauvaises langues qui s’excitent
- Valider : une écoute authentique … le rêve. Alors quand nous disons « j’ai pas assuré » ou « je crois que je n’y arriverais pas » La bonne réponse est : « Pourquoi tu dis ça ? »… car il y a parfois une angoisse sous-jacente que vous risquez de balayer avec un « mais si tu as assuré » ou un « mais si tu vas y arriver ». Et après seulement ->
- Rassurer : « ce que tu fais est génial », « t’inquiète, j’adore la pâte à brioche ! »… Rassurer c’est donner à l’Autre la sincérité de son regard et la douceur de ses paroles. C’est consoler (vive les hormones), cocooner, bercer…
- Soutenir : parce qu’il y a toujours des moments plus durs que les autres… Une épaule, un soutien à côté de nous est tellement apaisant. La sensation qu’en pleine tempête, nous tiendront.
- Complimenter : je ne sais pas pour les autres mamans, mais après la naissance j’étais un peu chamboulée dans mes repères (surtout la première fois). J’étais toujours moi, mais une autre personne. Mon corps avait changé, j’avais une nouvelle « responsabilité », une autre manière de voir les choses de la vie, bref c’était différent. Une belle différence, mais qu’il faut s’approprier. Alors les paroles de la personne que l’on aime dans ces moments là nous donnent des ailes, nous permettent de nous « redéfinir » avec douceur.
- Etre ensemble : être parent est une aventure extraordinaire et fatigante. Alors oui, faisons équipe avec notre partenaire, notre binôme, notre homme… soyons doux, tendres, acceptons que tout ne soit pas que paillettes, acceptons nos moments de doutes, nos petits travers et faisons en une force.
La force d’être deux, la force de créer cette petite entité, un peu spéciale, un peu géniale que les autres appellent « VOUS ».
Belle journée aux heureuses mamans, aux joyeux papas, aux mamans aux yeux humides et aux papas chamboulés, aux mamans fatiguées et aux papas stressés…
Belle journée à tous les « VOUS »…