Accouchement physiologique, Témoignages

Prisca et Clément

Récit d’un accouchement déclenché et sans péridurale !

Bonjour à toutes,

Je suis Prisca et c’est avec grand plaisir que je vais vous raconter l’arrivée au monde de notre petit garçon le 11 novembre à 11h09.

Mais l’histoire, commence le 10 novembre…

De passage à la maternité pour un petit contrôle, et après quelques examens, la sage femme prononce une phrase, cette phrase à laquelle nous ne nous attendions pas. « Nous allons vous déclencher »… Rien de tout cela n’était préparé, prévu anticipé… Notre petit chat ne bouge pas beaucoup, il faut agir.

Nous demandons à pouvoir retourner chez nous afin de prendre quelques affaires… L’ambiance est particulière en cette fin d’après midi. Clément est avec moi et c’est une chance, nous sommes un peu stressés, c’est le grand jour, bientôt nous rencontrerons notre petit bout… et déjà rien ne se déroule comme nous l’avions imaginé. Notre force : nous positivons, portés par l’énergie et la volonté de réussir notre projet.

Nous sommes de retour à la maternité, petit sac à la main. Il est 19h30 et nous attendons l’arrivée de l’équipe du soir. Première rencontre avec la sage femme, tellement adorable, disponible, douce… qui nous explique comment cela va se dérouler.

À 21h, le tampon de Propess est posé. Branchée au monito nous transformons cette salle en notre petit univers. L’ambiance dans le service est guillerette, ce soir ils fêtent un départ en retraite et la nuit est calme. Avec Clément, nous sommes bien, tranquillement, nous discutons, nous rions, nous jouons aux cartes et imaginons avec émotion les prochaines heures, les prochains jours…

Après plus deux heures de monitoring, la sage femme nous conseille de nous reposer. L’un près de l’autre, bébé encore au chaud nous fermons nos yeux avec l’envie de prendre quelques instants de sommeil…

À 1h du matin, je découvre la sensation d’une contraction, puis deux, puis trois.. Elles s’enchaînent et après plus d’une heure, elles sont rapprochées et parfois douloureuses. Je décide de réveiller le futur papa qui venait de s’assoupir. Je veux vraiment que nous partagions chaque instant Ensemble !
Les minutes passent : mal au dos , points d’acupression, massages, bouillotte… nous mettons tout en place pour me soulager. On essaie encore de rester au lit car on sait que le déclenchement peut durer jusqu’à 72 heures et la sage femme nous rappelle que ce sont sûrement des fausses contractions. Malgré tout, nous sommes apaisés, soulagés d’avoir la liberté de vivre le moment sans être dirigés.

À 3h42 (oui, il faut savoir être précis !)… grosses vagues de contractions… la poche des eaux se rompt !

J’ai la conviction que mon corps réagit plutôt bien et que le travail a sûrement dû commencer. Les contractions sont parfois très proches et mon dos me souffrir. Les massages, la musique et l’amour de mon homme me font vraiment du bien et le temps passe vite. Nous avons réussi à créer notre bulle.

Maëlys, notre sage femme, revient et me propose un toucher vaginal pour connaître l’avancement des choses. Il est 6h :  retrait du tampon, col totalement effacé et ouvert à deux doigts. À chaque vague l’envie de vomir est très présente. Elle me dit alors que c’est sûrement la douleur. Cette douleur que j’avais imaginée intense, mais centrée sur le ventre, ou disons « devant », alors qu’il en est tout autre… et que je découvre dans le dos, vers « l’arrière ».

Main dans la main, direction la salle nature ! Je suis super heureuse de découvrir cette salle qui me donne tant d’espoir pour mener à bien notre projet de naissance. Je me sens fatiguée et ce dos qui me fait souffrir….

Nous prenons possession de ce nouveau lieu. Et allez on se rebooste ! Nouvelle position sur le ballon avec le haut du corps étendu sur le lit et mon homme qui m’appuie fort et me masse… mouvements du bassin etc… Il faut bouger ! Sur un conseil du papa je me dirige vers le canapé d’abord à quatre pattes sur le sol. Nous formons une belle équipe.

À 7h30 je vomis : la douleur s’intensifie, j’ai de plus en plus de mal à gérer. Je monte sur le canapé la tête dans les oreillers, je souffle.
La sage femme de nuit, la petite fée de cette naissance passe nous voir. Elle donne quelques conseils au futur papa afin qu’il puisse me guider. Sa présence est douce et bienveillante. J’aime la manière qu’elle a de s’asseoir par terre à côté de moi. Elle est à l’écoute, disponible, elle chuchote. Elle me caresse les mains, m’encourage et souffle pour m’aider. Entre deux contractions foudroyantes, je sors de ma bulle et je dis à voix haute que si le travail doit encore durer 10 heures je ne tiendrai pas. Je doute, prise dans les vagues intenses des contractions.
Je ne dis pas le mot péridurale car pour moi elle n’existe pas. Je doute simplement de la capacité de mon corps à gérer la douleur.

La sage-femme et mon homme me rechargent à 1000 %

« Vous avez fait le plus dur, vous êtes un duo de choc, tu es une Warrior, tu vas réussir, dans quelques heures ce sera fini. »

Je l’entends me murmurer ces petits mots à l’oreille et je garderais au creux du cœur la mélodie de sa voix qui a enchanté ce moment si intense. Elle me souhaite une belle rencontre, la plus belle des rencontres. Je ne réalise pas que sa nuit de travail est terminée. Elle nous laisse, je ne lui ai pas dit aurevoir et surtout Merci.

Avec Clément, on continue à gérer tous les deux comme on peut. Le futur papa est au top il me propose souvent de changer de position, m’aide à respirer, à souffler mais aussi à me distraire entre chaque instant intense.

Julia, la sage-femme de jour, vient alors se présenter et échange avec le papa tout en chuchotant. Je suis bien incapable de vous dire ce qu’il se passe… mon esprit est ailleurs. Lorsqu’elle  sort de la pièce elle me dit seulement que je gère très bien. À plusieurs reprises le papa me propose d’aller dans la baignoire afin qu’il m’arrose avec de l’eau, mais je refuse. Je m’écoute, je vis la situation et avec le recul, je prends conscience de tout ce qui se cache derrière la phrase « ton corps sait ».

Vers 9h00, énorme contraction !
Je souffle sur la lettre « A » fortement. Et nos yeux découvrent ce liquide, rouge… vous me lisez et vous avez compris. Je saigne et c’est une découverte effrayante qui nous fait perdre pied. La sage femme, nous rassure, en nous disant que ç’est peut être dû au toucher vaginal. Elle n’a pas l’air spécialement inquiète. Ce que nous ne savons pas encore, c’est que tout ce sang n’est pas le résultat de cet acte… non, non, c’est le travail qui avance très vite. Mais chutttt…

J’accepte enfin le conseil du papa : direction le bain ! En préparant mon sac, j’y avais glissé un maillot de bain… pudique de nature, je suis, là maintenant, bien loin de me préoccuper de tout cela. Mais Clément, me connaissant bien, m’entoure de toute sa bienveillance et gère cela pour moi. A quatre pattes, la tête dans mes bras, posée sur le rebord de la baignoire, je sens l’eau chaude sur tout mon corps. Ca me détend, ça me soulage et ça m’aide à appréhender chaque vague dans une ambiance sereine, douce et calme.
Au début je gère mieux, je me sens plus détendue et les douleurs s’estompent avec la chaleur de l’eau. Mais les contractions s’intensifient et les périodes de repos sont de plus en plus courtes. Mes sensations ne sont plus les même ! Je sens que ça pousse, après deux ou trois contractions, je le dis à mon homme : ça pousse dans mes fesses !
Il me propose d’appeler la sage-femme pour faire un point avec elle sur l’avancée. Je réponds clairement NON !  Je me dis alors que ce n’est sûrement rien de plus qu’avant et je préfère ne pas savoir plutôt que d’être déçue. Mais, contraction après contraction, une évidence : je ressens toujours la même chose…

9h40 la sage-femme vient me voir. Je sors de la baignoire. J’accepte de faire un point avec elle pour savoir où en est l’ouverture de mon col. Grande surprise ! Je suis dilatée à 9. Je suis super heureuse et Clément à mes côtés est en pleurs. Submergé par l’émotion, je vois dans son regard toute l’intensité du moment qu’il est en train de vivre, lui aussi. Bientôt nous allons rencontrer notre petit trésor.

Comme beaucoup l’ont déjà raconté, je me transforme en « petit mammifère ». Je commence à pousser des petits cris graves sur le son « A ». A chaque vague c’est très puissant. Je pousse, cela me soulage. Je commence la visualisation, j’imagine ce petit, notre enfant, qui passe le bassin et se rapproche de nous à chaque contraction. Je suis allongée sur le côté droit, je me sens bien, je souffle beaucoup. Entre deux, le futur papa, me dit  « tu vas pouvoir l’écrire ton récit. Tu es forte ! Je suis tellement fier de toi « . Ses mots me motivent tellement, ils me donnent une force incroyable.

Vers 10h30 la sage femme et la puéricultrice s’installent. Elles sont très discrètes et nous laissent totalement dans notre monde. Les minutes passent et elles me suggèrent tout de même de changer de position car bébé n’avance pas et cela fait déjà un moment que je pousse. J’ai perdu la notion du temps, et tout passe très vite. Je me suis installée sur le dos, je suis à l’aise comme cela et je continue de faire confiance à mes sensations. Après de nombreuses poussées bébé n’est toujours pas là !

La sage femme me dit que le gynéco va bientôt arriver…. gros coup de panique pour moi. Je dis vraiment que je ne veux pas le voir. Elle comprend et me dit alors qu’il restera derrière la porte. Je suis rassurée et prête à pousser de nouveau pour rencontrer ce petit être.
Après plus de 35 minutes, il faut vraiment que bébé arrive ! Clément met une playlist de 3 musiques de Soprano. La sage femme me dit « Si dans cinq minutes bébé n’est pas là il faudra intervenir ». Je me donne à fond, j’ai hâte ! Nous sommes prêts et bébé aussi. Je donne tout lors des poussées et me laisse vraiment aller lors du repos ( on me racontera même après que je chantais les refrains, trois chansons que j’adore).

À 11h09, la vie fait que nous nous rencontrons enfin ! Notre Boubou, notre petit bout, notre garçon est né. Je reste concentrée car je sais que ce n’est pas fini. Je refuse l’ocytocine pour la délivrance et le placenta arrive moins de deux minutes après. Quelques points (mais rien de bien méchant) et nous sommes là, tous les trois, à profiter pendant plusieurs heures.

Voilà l’histoire de notre rencontre, la rencontre de l’amour ! Nous sommes fiers de notre parcours et nous ferons tout notre possible pour protéger notre petite merveille. Malgré le déclenchement, tout notre projet de naissance a été respecté et notre séjour à la maternité s’est magnifiquement bien déroulé. Avec le recul je suis tellement fière de moi, de nous, de ma puissance de femme, de la force du soutien de Clément. Un accouchement n’est pas ce que l’on imaginait, ce n’est pas ce que je pensais vivre et je sais que ma capacité à m’adapter à ce qu’il se passait plutôt que de vouloir suivre un programme établi à l’avance a été une clé à son bon déroulement. J’ai fait des choix éclairés en fonction des situations, c’est vraiment cela le plus important.

Aujourd’hui, je suis repense tendrement à Maëlys et à la chance que j’ai eu de pouvoir la revoir après l’accouchement, à toute l’humanité de ce gynécologue, respectueux de mes souhaits, et à son attention bienveillante quand il était auprès de moi.

Je repense aussi au rôle si important de mon homme tout au long de cet accouchement. Il me l’a dit après ; c’est éprouvant, intense, riche. Bousculé par le stress, les moments d’incertitude et de doute, la fatigue il a « tout donné » et je lui dis merci.

Notre super équipe, Clément et Moi… nous vous souhaitons à tous de partager ce moment si fort et de réussir ce projet qui vous marquera à jamais.
Je fais partie de cette chaîne de mamans qui ont partagé leurs récits de naissance et je veux dire merci à toutes celles qui l’ont fait avant moi, la lecture de leurs récits était inspirante.
Je souhaite également, remercier tout spécialement à Anne-Christine Doula pour ses conseils, sa disponibilité lors des échanges visio et à Nadège de Petits Pas Grands Voyages pour sa bienveillance et nos moments de partage en visio.

 

 

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